Dans le cadre de la nouvelle campagne autour de la plateforme SOS CRISE, qui propose un accompagnement médico-psycho-social y compris pendant l'été, tandis que de nombreuses structures ferment temporairement leurs portes, le Dr Xavier Emmanuelli décrit un phénomène mal connu : l'isolement estival qui accentue la vulnérabilité des personnes les plus fragiles.
Comme dans tous les temps de fête – et les vacances, a bien des égards, sont ressenties comme les festivités de l’été – la solitude révèle et accentue la solitude. La misère de la solitude. La pesanteur des jours longs et sans perspective. La difficulté d’affronter le soir – et la nuit – quand pour les personnes âgées, les voisins sont partis, eux qui représentent sans qu’on se le dise une sorte de potentiel d’aide ou d’assistance, ou simplement d’échanges voire de conversation. Quand le quartier familier prend une autre tournure, étrangère comme hostile – par les rideaux descendus des petits magasins familiers et des kiosques à journaux.
Ces vacances que les médias célèbrent se juxtaposent avec une angoisse latente de l’épidémie si dure pour les vieux, avec des messages répétés de mise en garde et de gestes à accomplir – et de masques à porter. Ces vacances, qui surviennent enfin après toutes ces images de morts et de danger, sont cruelles pour ceux qui restent seuls.
Elles sont cruelles pour ceux qui ne peuvent pas « prendre » des vacances et dont la moindre dépense hors du budget de la survie est inenvisageable.
A qui parler – à qui dire ces petits mots de tous les jours comme sur la météo ou les salutations ou les minuscules événements du café d’à côté. Il n’y a plus personne, sinon une sorte de menace grosse, informe, insaisissable comme une brume derrière tout ce qui nous environne, derrière un futur – quand les gens seront rentrés – qu’il faudra affronter.
Dans un vieux film, Rohmer le cinéaste évoquait le « signe du Lion », le signe du zodiaque du mois d’août où tout se détraque, où les petits événements de la vie quotidienne deviennent difficiles en ville quand tout le monde est parti…
Ces vacances sont sans précédent – après l’épisode de la crise, les gens sont comme des ressorts. Ils ont accumulé de la frustration, de la violence, de la peur mais ceux qui sont seuls – qui vont rester seuls – qui les voit ? Qui les entend ? Qui les aide éventuellement ?
Nous avons créé une plateforme d’écoute SOS CRISE pour monter la garde, être vigilants pour entendre ou mieux, apaiser si possible, tous ceux qui ont besoin simplement d’être avec les autres, d’être au milieu des autres de la vie quotidienne, mais tous ceux aussi qui souffrent, qui sont dans l’angoisse, dans la peine de vivre, parce qu’ils sont seuls. On vous y attend. Appelez-nous : 0 800 19 00 00.